Pierre Pradinas revient à Tchekhov et questionne toute la complexité de notre humaine condition, entrelaçant avec nuance et finesse ses aspects tragiques et grotesques.


« Mon saint des saints, c'est d'être affranchi de la contrainte et du mensonge sous toutes leurs formes » déclare Tchekhov, maître absolu, parvenant au fil de ses œuvres à dévoiler avec une exceptionnelle acuité la nature profonde de l'homme aux prises avec la vie. La vie d'hier et ses espérances, la vie d'aujourd'hui et ses renoncements, la vie en transition, qui se cherche, se débat, esquive, et fait face à ses illusions, ses déceptions, ses désirs, ses attentes.

Fidèle de la Comédie de Picardie, Pierre Pradinas revient à Tchekhov et à sa mélancolie joyeuse. Oncle Vania met en scène des personnages insatisfaits, « une famille recomposée montrant à elle seule la condition humaine », selon Pierre Pradinas. « Il y a l'argent, l'ambition déçue, la tromperie, l'amertume, la mort. Il y a aussi le sourire, l'éclat de rire quand on se retrouve un instant en face de nous-mêmes » confie-t-il. Vania vit dans la propriété de sa défunte sœur avec sa mère et sa nièce Sonia, amoureuse du médecin Astrov qui l'ignore. L'arrivée du professeur Sérébriakov, vieil égoïste accompagné de sa jeune et belle épouse, bouleverse la routine.

Au-delà de toute analyse psychologique, de toute tentative d'explication, la mise en scène capte « les nuances qui révèlent la comédie dans le drame ». Soutenue par une très belle équipe de comédiens, dont Romane Bohringer dans le rôle d'Elena, la pièce questionne les secrets du désir et les contradictions des êtres. Entre rires et larmes.