La parole autant que les corps traduisent avec ironie le mal-être de la jeunesse japonaise. La troublante sensation d'un voyage immobile.

Esthétique et politique s'imbriquent remarquablement chez l'auteur et metteur en scène japonais Toshiki Okada, accueilli sur les plus grandes scènes internationales et dans de nombreux festivals. La forme de son théâtre traduit sa vision du monde fondamentalement inquiète : les dialogues hyperréalistes, les corps trahissant troubles et craintes, et les mouvements subtilement chorégraphiés expriment le mal-être de la société japonaise contemporaine, et en particulier d'une jeunesse désorientée sans perspectives.

Cinq jours en mars met en scène deux jeunes qui se rencontrent lors d'un concert rock, et s'enferment pendant cinq jours dan un «  love hotel » d'un quartier animé de Tokyo, tandis que les forces américano-britanniques s'apprêtent à attaquer l'Irak (19 mars 2003). Au fil de ce voyage immobile, des comédiens interchangeables interprètent sept personnages, se font supports de l'action ou du récit.

Fort d'un séjour de plusieurs années au Japon où il s'est formé au théâtre traditionnel Nô et Kyôgen et fut comédien dans une compagnie de théâtre contemporain, Jérôme Wacquiez met en scène Cinq jours en mars en humanisant les personnages et ouvre la réflexion sur le rôle social de chacun.

Une suite de tableaux à la fois quasi abstraits et terriblement vivants fait naître la sensation d'un voyage intérieur, en décalage avec le réel, troublant et fascinant.