
À travers leur mise en scène de ce chef-d'œuvre de fantaisie et d'invention signé Tom Johnson, Gilles et Corinne Benizio (Shirley et Dino) conjuguent finement la légèreté de la comédie et l'exigence de l'interprétation.
La, si, ré, mi : quatre notes, un pianiste et cinq chanteurs pour une partition atypique où le sujet de l'opéra est… l'opéra qu'ils sont en train de chanter. À travers le jeu des voix et le jeu théâtral, c'est le regard de l'interprète sur le chant et la création qui est dévoilé avec un sens du décalage, une ironie et un humour irrésistibles.
Écrit en 1972 et créé en France dix ans plus tard, repris avec succès en 2003 par les chanteurs de l'Atelier lyrique de Franche-Comté, l'opus le plus célèbre du compositeur minimaliste et librettiste Tom Johnson se joue des stéréotypes et dévoile les arcanes de la composition autant que les doutes et triomphes des chanteurs.
S'inspirant de l'esthétique avant-gardiste des années 70 et des illustrations du livre
Imaginary Music de Tom Johnson, Gilles et Corinne Benizio (Shirley et Dino), applaudis dans diverses mises en scène d'opéras - dont
King Arthur de Purcell -, imaginent une création pleine de fantaisie, à l'image de la modernité et l'originalité de l'œuvre.
Les cinq rôles vocaux de l'opéra - soprano, contralto, ténor, baryton et basse - ne sont peut-être pas plus beaux que d'habitude, mais ils sont en tout cas beaucoup plus drôles, n'hésitant pas à flirter avec une dérision faussement féroce aux lisières de l'absurde.
Avec une équipe de chanteurs chevronnés, prête au défi d'une délectable mise à nu, pirandellienne et joyeuse !