A vec Myriam Boyer et Jean Benguigui, Didier Long met en scène la singulière et puissante détestation qui unit un vieux couple. Un affrontement de haute intensité.

Entre Emile et Marguerite, la guerre est déclarée. Une guerre silencieuse, froide, implacable, où la parole a laissé la place à des échanges de billets venimeux et laconiques. Agés, ayant tous deux perdu leur précédent conjoint, ils se sont unis pour éviter la solitude et au fil du temps ont enferré leur existence dans une haine et une méfiance mutuelles, dont pâtissent le chat de l'un et le perroquet de l'une. Merveilleux écrivain, Georges Simenon dissèque les tumultes et les tréfonds de l'âme humaine plantée dans un quotidien concret, un quotidien qui révèle toutes sortes de tensions et de malentendus. Les différences sociales - lui fils de maçon et elle fille d'industriels -, le poids des souvenirs, des idéaux divergents et mille détails ont rompu les illusions.

Contrairement au film de Pierre Granier-Deferre avec Gabin et Signoret, centré sur l'usure d'un vieux couple ordinaire, cette première adaptation théâtrale reprend tous les attributs caractérisant la situation romanesque. Didier Long rend compte de la profondeur psychologique et des infinies nuances de ce tableau pointilleux, à la fois selon ses termes « terrifiant et humoristique, noir et jubilatoire ».

Deux excellents comédiens endossent les rôles d'Emile et Marguerite et forment un duo magistral, où la haine crée de singuliers attachements : Myriam Boyer (Madame Rosa dans La vie devant soi), et Jean Benguigui (Marjavel dans Le plus heureux des trois). « Je crois en fin de compte avoir écrit un roman d'amour » confiait Georges Simenon en 1967…