Catherine Delattres orchestre avec jubilation cette partition loufoque et corrosive.
« La pièce m'a paru un bijou, dont le dénouement est un chef-d'œuvre d'originalité et de profondeur » s'enthousiasma Flaubert lors de la première en 1876. Si Labiche y fustige comme à son habitude le bourgeois, il y dépeint aussi une ronde des désirs singulière, qui réinvente l'habituel triangle amoureux avec fantaisie et férocité. Ici l'amant, Agénor Montgommier, se lasse de sa maîtresse Loïsa, qui est l'épouse de son si cher ami, Ferdinand Martin.
En apprenant la trahison, Ferdinand projette une vengeance criminelle au cœur des Alpes suisses, où s'immisce un cousin guatémaltèque au sang chaud, Hernandez.
Refusant de réduire sa mise en scène à une lecture univoque de l'œuvre, Catherine Delattres s'attache à en révéler les diverses résonances. Satirique d'abord par le jeu de massacre et la noirceur du trait, politique et sociologique ensuite par le tableau à la fois féroce et jubilatoire d'une époque et d'une classe, métaphysique enfin par le désenchantement profond exprimé face à la vanité de l'existence.
Génialement construite, propice à un vent de folie quasi surréaliste, la partition démontre pleinement le génie de son auteur, aussi cocasse que corrosif. S'ils semblent parfois des pantins ballottés par de capricieuses passions, les deux héros de l'histoire, Ferdinand et Agénor, lointains cousins de Bouvard et Pécuchet, font preuve aussi d'une densité humaine impressionnante.
Tout en jouant aux cartes…