Récompensée par quatre Molières en 2019, la pièce rend hommage à Alan Turing (1912-1954), génie mathématique visionnaire et anti-héros au destin brisé.
Est-ce parce qu'Alan Turing mourut en croquant dans une pomme empoisonnée au cyanure qu'Apple a choisi son logo ? On ne connait pas la réponse. Ce qu'on sait, c'est que ce génie mathématique, précurseur de la programmation et de l'intelligence artificielle, a changé le monde. Dans les années 1940, il a notamment contribué à décrypter le code Enigma utilisé par l'armée allemande. Condamné en 1952 pour homosexualité, il opta pour la castration chimique afin d'éviter la prison et de poursuivre ses travaux.
Si la pièce écrite et interprétée par Benoit Solès a obtenu un tel succès, c'est parce qu'elle éclaire dans une tension dramatique de chaque instant le savant visionnaire autant que l'homme blessé, pour lequel les chiffres constituaient un refuge. Intense et poignant, le jeu de Benoit Solès laisse émerger les fragilités du personnage, mais aussi son humour grinçant et sa touchante sensibilité.
La pièce rend palpable l'intériorité de cet anti-héros, en conjuguant habilement la fidélité aux faits et l'authenticité de l'hommage.