Une fable aussi hilarante qu'effarante, avec notamment Romane Bohringer.
Le Moche fustige avec causticité la dictature des apparences, la marchandisation galopante qui s'empare du monde et les ravages d'un conformisme qui conduit à la négation totale de toute individualité.
Au centre de l'intrigue, un ingénieur créateur de systèmes de sécurité, Monsieur Lette, à qui son patron refuse la possibilité de présenter publiquement le fruit de son travail lors d'un congrès. Parce qu'il est moche. Ce que son épouse Fanny lui confirme. Elle l'aime pourtant, car il est « un être rare ». Lui opte aussitôt pour une intervention chirurgicale, qui rend son visage si beau que tout le monde le courtise, et que le chirurgien décide de reproduire l'opération sur d'autres personnes.
Fidèle de la Comédie de Picardie, Pierre Pradinas apprécie l'humour ravageur et la vitalité incisive de cette écriture. Sa mise en scène joue de la confrontation entre réalisme trivial et onirisme alarmant.
C'est l'occasion de s'aventurer au-delà du superficiel, en appréciant notamment le talent sûr de Romane Bohringer, comédienne d'une grande finesse qui collabore régulièrement avec le metteur en scène.