dans la mise en scène affûtée d'Hélène Fillières, Josiane Balasko délivre ce cri de rage qui laisse éclater les vertigineuses douleurs d'une femme meurtrie.

Recueil de trois nouvelles, dernier ouvrage de fiction de Simone de Beauvoir, La femme rompue (1967), donne voix à trois femmes - épouses et mères - qui font face à une profonde remise en question de leur vie. Écrites à la première personne, ces prises de parole tonnent comme une alerte et un appel à la liberté. Elles mettent à jour l'enfermement, les déchirements et les désillusions qui brisent les femmes, piégées par des attendus, des normes et des désirs immenses.

Monologue, la seconde nouvelle, est un cri de rage d'une femme seule, divorcée, privée de la garde de son fils et dont la fille s'est suicidée. Un cri désespéré et accusateur, contre l'humanité et contre elle-même, lancé un soir de réveillon du Nouvel An.

« Cette femme, c'est moi. C'est toutes les femmes », confie l'actrice, scénariste et metteure en scène Hélène Fillières. Si la metteure en scène est tant bouleversée par ce texte, c'est parce qu'il laisse jaillir librement des violences toujours tues, parce qu'il laisse surgir des contradictions et des douleurs enfouies au-delà des apparences et des exigences du vécu. Elle a confié cette sublime partition théâtrale à une actrice de grand talent et de forte trempe, qui ne se réfugie jamais dans l'affectation.

Josiane Balasko est celle qui va arracher les masques, dans une lucidité absolue et sans concession.

La Femme rompue • teaser from Théâtre des Bouffes du Nord on Vimeo.

Revue de presse :
- Réécoutez ici l'interview de Josiane Balasko dans l'émission Boomerang du 9 décembre (France Inter) : https://www.franceinter.fr/emissions/boomerang/boomerang-09-decembre-2016