Dans le cadre d'un cycle explorant la foi et ses dérives, Eric Massé et la Compagnie des Lumas proposent une mise en scène à la fois cinglante et subtile de la comédie si cruelle de Molière.
En 2015, la Compagnie des Lumas a initié un cycle de recherches et de créations sur la foi et ses dérives, intitulé « Nouvelles ères », lors duquel de multiples études, entretiens et reportages auprès de croyants chrétiens et adeptes de sectes ont nourri leur compréhension des phénomènes de dévotion et d'aveuglement. Ce cycle a trouvé son aboutissement dans cette mise en scène incisive d'un grand texte classique :
Tartuffe, comédie à très fort potentiel tragique, où l'irruption du faux dévot Tartuffe révèle un implacable processus d'emprise mentale et de manipulation.
Le metteur en scène Eric Massé souligne justement que le rire reste «
coincé en travers de la gorge », et laisse émerger toute la cruauté d'une dérive où les hommes deviennent esclaves. Etonnantes et tranchantes, corrosives et transgressives, les paroles révèlent la complexité et les contradictions de relations familiales abîmées et fracturées, où les figures féminines de Dorine et Elmire s'efforcent de rétablir la justice.
Avec finesse le texte dévoile toute sa portée accusatrice qui éclaire les mécanismes intimes, familiaux et sociaux qui rendent possibles le succès de l'imposture et les abus d'un pouvoir sans limites. L'espace du plateau est surplombé par un dispositif suspendu à 3 mètres de hauteur - cloisons, lustre, meubles, table… - qui peu à peu rejoint la scène, et évolue de l'ordre au chaos. Dans le rôle-titre, Pierre-François Garel, figure charismatique et inquiétante, est accompagné par une troupe énergique qui sait aussi déployer un jeu tout en nuances. Une œuvre poignante aux résonances contemporaines qui alerte sur les dangers mortifères de l'asservissement.
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