Conçue à la suite des attentats de novembre 2015, écrite et mise en scène par Jean-Louis Bauer, cette partition sensible et subtilement équilibrée explore et transcende la douleur avec une touchante humanité.
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Lorsque la douleur est trop forte, lorsque le réel est trop proche, le silence souvent s'impose aux vivants. » confie Jean-Louis Bauer. Il a pourtant voulu par le théâtre se confronter à la douleur, disséquer le naufrage du terrorisme, essayer par les mots de mettre en forme la complexité du réel, pour mieux le comprendre, en choisissant l'apaisement plutôt que la fureur. Car s'il explore le poison du fanatisme, il ne renonce pas à l'humanité des personnages. À la possibilité d'une réparation.
Riches de leurs affects, leurs héritages et leurs contradictions, les personnages sont enferrés dans une intrigue à suspense, où Leïla, la victime morte de l'attentat, s'adresse aux vivants. Leïla vivait avec Jonas, fils d'une mère juive dont la famille a été décimée par la Shoah et d'un père catholique qui fit son service militaire pendant la guerre d'Algérie. Leïla est la sœur de Djebril, devenu musulman intégriste, mari d'Amana, anciennement Lucie, qui s'est convertie à l'islam pour l'épouser. Quatre amis d'enfance meurtris, qui se retrouvent dans un cimetière, où coexistent trois tombes juive, catholique et musulmane.
Évitant toute surenchère et tout effet cumulatif artificiels, Jean-Louis Bauer équilibre subtilement tous les éléments de l'intrigue en tissant des dialogues sensibles et justes, où s'immisce la force de l'amour.
Une pièce profondément touchante, qui transcende le scandale et éveille la raison.
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