Avec d'excellents comédiens, Charly Marty donne un nouvel éclat à la partition millimétrée de Feydeau en jouant de diverses temporalités.
Les personnages des comédies de Georges Feydeau, et particulièrement ceux de ses farces conjugales en un acte, s'embourbent dans des terrains burlesques aux confins de l'absurde, tout en gardant un caractère humain qui dépasse l'archétype.
Pièce en un acte virevoltante et tranchante, Mais n'te promène donc pas toute nue ! met en scène le couple Ventroux. Lui, ambitieux député qui vise un poste de ministre, reçoit à la maison un adversaire politique, industriel important. Il demande à sa femme Clarisse de cesser de se promener en tenue légère dans l'appartement. La dispute s'envenime et, suivant une mécanique de précision implacable, s'égare jusqu'à une folie douce et une incommunicabilité totale, teintées de férocité.
Comme le souligne le metteur en scène Charly Marty, Clarisse se distingue par son désir revendiqué de liberté et d'émancipation, qui se moque des préjugés et de la bienséance. Seule femme entourée de quatre hommes dans ce «
presque huis clos », elle s'affirme avec une énergie de tous les instants.
Évitant le piège du cliché, la mise en scène met à nu «
ce rire fou et terrible qui nous prend quand nous nous reconnaissons... » Charly Marty ancre l'intrigue dans la période de 1968, afin de faire naître une dynamique entre les temporalités. L'alchimie ainsi créée propose une sarabande visuelle et sonore qui se révèle explosive…