Charles Tordjman met en scène la pièce de Reginald Rose. Une partition captivante sur l'exercice de la justice.

Est-il convaincu de son innocence ? Pas vraiment. Mais le juré n°8 doute, et il souhaite en discuter. Même si les onze autres jurés déclarent l'accusé coupable, l'unanimité est requise pour condamner à mort l'adolescent de 16 ans accusé du meurtre de son père.

La pièce de Reginald Rose, écrite en 1953, immortalisée au cinéma avec une époustouflante maestria par le jeune Sidney Lumet quatre ans plus tard, met en jeu à l'issue des plaidoiries du procès les délibérations des douze jurés, à huis clos, un jour d'été, dans une parfaite unité de lieu, de temps et d'action.

Adaptée et resserrée par Francis Lombrail, la partition maintient un suspense captivant qui souligne la perméabilité et la collusion entre objectivité et subjectivité, entre analyse rationnelle et positions façonnées par les préjugés ou les histoires personnelles.

Servie par un sens du détail aiguisé et par une interprétation sans faille des douze comédiens, la pièce interroge le fonctionnement de l'appareil judiciaire, et fait l'éloge du doute et de la raison comme éléments fondamentaux de la vie démocratique.

Un huis clos saisissant, résolument tout public.