L'alliance entre la poésie « savante » et l'art populaire de la chanson avait déjà été explorée dans les années d'après-guerre, mais c'est sans doute Ferré qui en fit les réalisations les plus suivies et délibérées.
Il y avait eu Apollinaire dès 1953 puis un album Baudelaire déjà en 1957. Avec l'éclatante réussite des albums consacrés à Aragon, puis Verlaine et Rimbaud en 1964, et à nouveau Baudelaire en 1967, Léo Ferré avait définitivement trouvé sa propre voix pour chanter les poètes de notre patrimoine. Aujourd'hui entendues dans des orchestrations qui fleurent bon le style des variétés des années soixante, toutes ces chansons ont pourtant vocation à connaître une diffusion plus universelle, moins marquée par un « son d'époque. » C'est en tous cas le pari des talentueux artisans du présent concert qui les interpréteront dans des arrangements originaux pour voix, piano et quatuor à cordes.
Gageons que le grand Léo aurait apprécié cette vision « chambriste » de son art, d'autant que le programme comporte aussi quelques titres inoubliables, dus cette fois à son entière plume, comme
Mister Giorgina ou
Jolie môme…